Devant les eurodéputés, Angela Merkel défend plus de flexibilité et une réforme des Traités

Merkel-PE121107Invitée le 7 novembre dernier par le Parlement européen, en plein débat sur le cadre pluriannuel de l’Union, Madame Merkel est venue donner son point de vue sur l’État de l’Union.

Une sorte de grand oral où la chancelière a annoncé clairement ne pas vouloir s’en tenir à un simple débat budgétaire mais donner son opinion sur les institutions de la zone euro.

Car, pour Madame Merkel, il reste beaucoup à faire pour rétablir la confiance; ne pas se contenter de ce qui a été fait. Face à la « recrudescence de ceux qui déclarent que désormais nous pouvons nous reposer sur nos lauriers« , elle répond que « Nous n’avons pas à réformer de trop l’Union économique et monétaire« .
Si la priorité reste la lutte contre les déficits, il ne faut pas renoncer une réforme des Traités si celle-ci s’avère nécessaire. Il faut, pour corriger les erreurs de conception de l’Union économique et monétaire (UEM), savoir « faire preuve d’imagination« .
Les lecteurs friands des relations franco-allemandes actuelles y verront là une première pique de la chancelière pour le gouvernement français.

Les Maastrichtiens n’ayant pas à l’époque trouvé les soutiens nécessaires à la mise en place d’une véritable Union économique, les différences de compétitivité se sont creusées et les sanctions prévues par le Pacte de stabilité et de croissance n’ont jamais été appliquées.
De ce fait, Madame Merkel reconnait que les problèmes structurels de l’Union existaient bien avant la crise et que, sans ces problèmes, cette dernière aurait été moins grave. La crise a été « presque fatale pour l’Union européenne« .
Elle reprend ainsi à son compte une citation de Jacques Delors qui, au début des années 90, mettait en avant l’importance des deux piliers: « Sans cela, l’UEM ne pourrait pas subsister et ce serait peut-être même préjudiciable pour l’Union« .

Désormais, la nouvelle UEM a besoin de plus de politique budgétaire. Madame Merkel suggère notamment de donner à l’Union de vrais droits de regards sur les budgets nationaux dès lors que les règles ne sont pas respectées. C’est d’ailleurs ce qui est en train d’être mise en place par un nouveau règlement en cours d’approbation qui prévoit la transmission des projets de lois de finances à la Commission européenne. Il faut ajouter à cela la proposition allemande de créer un « ministre européen du budget« .

La coordination des politiques économiques devra passer par:
un débat accru au sein du Conseil européen: dans les domaines fondamentaux, les États seront plus vigilants car la perte de compétitivité met en danger les autres États européens,
des procédures de sanctions renforcées,
des échanges multipliés entre les échelons nationaux et européen,
– un engagement et une mobilisation de toutes les institutions sur une réflexion sur une réforme des Traités. Le Conseil européen de décembre adoptera notamment une feuille de route ambitieuse basée sur les travaux signés Herman Van Rompuy: « Vers une véritable Union économique et monétaire ».

Madame Merkel précise toutefois que les procédures démocratiques doivent être respectées et défendues.
Elle profite également de cette invitation pour rassurer un Parlement européen très préoccupé par une re-intergouvernementalité de l’Union européenne et la création d’une Europe à plusieurs vitesses.

Selon la chancelière, qui se félicite de l’adoption du Pacte budgétaire (traité intergouvernemental dont le Parlement européen a été exclu), rassure. La voie intergouvernementale n’est qu’un chemin permettant la réussite de la méthode communautaire.

En effet, il faut que les États, et notamment les Parlements nationaux, prennent de plus en plus conscience de leurs responsabilités européennes. Il faut dialoguer pour permettre aux Parlements nationaux de mieux travailler dans le sens de l’Union européenne.
Si à long terme la Commission européenne doit devenir un gouvernement européen, il faut donner suffisamment de temps aux populations.

Concernant l’Europe à deux vitesses, Angela Merkel indique que la zone euro, plus intégrée, restera ouverte aux nouvelles adhésions. De plus, elle remet en cause la proposition qui circule actuellement, visant à créer un « mini Parlement européen » pour la zone euro (éviter que des eurodéputés de pays non membres de la zone euro ne puissent prendre part à la décision).

Dernière pique allemande à l’attention du gouvernement français: « La croissance est entreprenariale, elle n’est pas politique« . C’est simple: il faut plus de flexibilité, achever le marché unique et enfin, faire en sorte que chaque euro crée une plus-value. Il ne suffit pas de dépenser pour dépenser.

[box]Merci d’avance à tous ceux qui publient/relaient mes articles. Merci cependant de sélectionner un extrait et de mettre le lien vers l’article original! Magali[/box]


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